Rappeler les évidences: l’incompatibilité du Rassemblement National avec la Convention européenne des droits de l’Homme

Un commentaire

  1. [Droit de réponse] M. Henri Temple

    Dans la Revue des droits et libertés fondamentaux chronique 16 de 2025, M. Yannick Lécuyer me met en cause dans son billet d’humeur : « Rappeler les évidences : l’incompatibilité du Rassemblement National avec la Convention européenne des droits de l’Homme ».

    Sous un intitulé : « B. L’art de la dissimulation et du lissage », je suis surpris (de la part d’un collègue universitaire et juriste de surcroît) d’être mentionné, voire dénoncé, par la phrase : « Un certain nombre d’intellectuels engagés ont relayé et appuyé cette rupture en trompe-l’œil. A titre d’exemple, Henri Temple, tout en se défendant d’être un sympathisant du Rassemblement, développe une dialectique propice à la banalisation sans toutefois parvenir à totalement effacer la continuité idéologique. Dans un texte intitulé « La genèse du Front national, péché mortel du Rassemblement national ? », l’auteur dresse une liste étonnante des traumatismes de l’histoire française parmi lesquels il classe sans distinction les ligues d’avant-guerre, le Front populaire, la prise de pouvoir d’Hitler, le pacte Hitler-Staline et la trahison, les sabotages, les désertions du parti communiste de 1939 à juin 1941, l’étrange et fulgurante défaite de juin 40, l’occupation, la résistance et la collaboration, la Shoah et l’Holodomor, la libération et l’épuration sauvage, Hiroshima, la guerre froide, la perte de l’Indochine et de l’Algérie, Mai 68… afin de les dépasser, de définir enfin ce qu’est l’extrême droite aujourd’hui et de ne plus paralyser le débat démocratique.

    Si je suis ‘un intellectuel engagé’ que dire alors de M. Lécuyer… ? Car la Fondation René Cassin et l’UE financent la Revue où il écrit. De plus, loin de faire un travail scientifique rigoureux il porte une qualification sur ma personne et un jugement sur un de mes articles, me reprochant de « développer une dialectique propice à la banalisation [du RN] ». M. Lécuyer écrit que je « dresse une liste étonnante (sic) des traumatismes de l’histoire française » que je classerais « sans distinction ». Ce qui semble être une tentative de critique de sa part : or le but de l’article, que M. Lécuyer n’a pas voulu voir ou comprendre, est simplement de montrer que la France a connu quantité de graves traumatismes historiques, mais qu’elle a su s’en relever et les oublier, panser ses plaies, accepter ceux qui furent coupables et revenir à une tolérance démocratique pour vivre ensemble entre Français.

    La ’méthode’ de M.Lécuyer est de partir de son préjugé puis de tenter de bâtir un argumentaire autour de ce préjugé.

    J’ajouterai, enfin, que dans sa façon d’appliquer la CEDH, la Cour oublie complètement de se référer aux plus importants principes de la Convention qui pourtant la lient et figurent dans ses 2 premières phrases : « Considérant la Déclaration universelle des droits de l’homme, proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948 ; Considérant que cette déclaration tend à assurer la reconnaissance et l’application universelles et effectives des droits qui y sont énoncés ; »

    Or dans cette DUDH figurent des règles essentielles : « Toute personne a droit à la liberté de pensée… Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit… Toute personne a droit à la liberté de réunion et d’association pacifiques…Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays…M. Lécuyer pense-t-il qu’il faudrait enfreindre ces règles ?

Pour citer cet article :

RDLF 2025 chron. n°16 (www.revuedlf.com)

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